REVUE

Et dire qu’il n’y a pas si longtemps
je faisais la une des kiosques

Les plus belles collections de mode
avec leur déferlante de créatures de rêve
parées comme des princesses
ou des extra-terrestres
n’avaient pas de secret pour moi

J’étais incollable dans les domaines les plus fous
cuisine horoscope destination vacances cinéma
bouquins
je pouvais tout te dire
tout te montrer
oui
j’étais incollable ou du moins je le croyais

Aujourd’hui
Croulant sous le poids des magasines vulgaires
publicités ringardes
hebdomadaires politisés jusqu’à la fibre
Je suis là
entouré par quelques éphémères
journaux d’un jour
n’ayant même pas eu la chance
de servir pour allumer le feu

Bientôt
nous serons tous broyés
mâchés  recrachés (sans fin)
et dire que j’imaginais déjà finir ma vie
dans une salle d’attente
voir au fond d’un secrétaire

Tes doigts caressant et ton regard charmé
me manquent

Un bruit se fit entendre
le couvercle de la benne plastique
venait de basculer
une main se mis à fouiller
elle m’extirpa
me feuilleta
et je disparus

Tes yeux se portent de nouveau sur moi
mais maintenant
c’est bizarre
ton regard m’est inconnu

Est-il différent
ou t’es tu bien gardé
de me le dévoiler auparavant ?

Tu t’interroges
tu me cherches
Je suis là
regarde bien
mais tu sais
il m’a déchiré
plié noyé et fixé à jamais

Mon regard semble lézardé
mais maintenant
fait attention
c’est moi qui te regarde …

 

En hommage
à la petite déchetterie
Boulevard de la Chapelle

aujourd’hui disparue …

 

 

 

Roger Cornelius s'installe à Paris - 1993
où il poursuit sa création de collages
( collages papiers )

Participe au Collectif Amer
devenu l'association Artcolle en 1999